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Pratiquer Metta

La méditation metta est une pratique qui nous permet de cultiver la compréhension, l’amour et la compassion, en regardant profondément d’abord en nous-mêmes, puis dans les autres. Si nous nous aimons et prenons soin de nous, nous pouvons être beaucoup plus utiles pour les autres. La méditation metta peut être pratiquée en partie ou en totalité. La récitation d’un simple vers de la méditation metta suffit à apporter plus de compassion et de guérison dans le monde.

Aimer, c’est, avant tout, nous accepter tels que nous sommes. C’est la raison pour laquelle « Puissé-je être… » est la première pratique de cette méditation sur l’amour. Voir toutes les conditions qui nous ont amenés à devenir ce que nous sommes nous permet de nous accepter plus facilement, et de mieux accepter notre souffrance et notre bonheur.

En pali, metta désigne la bienveillance, la «bonté aimante». Nous commençons en formulant une aspiration : « Puissé-je être…» Puis, dépassant ce niveau d’aspiration, nous examinons attentivement tous les aspects positifs et négatifs de l’objet de notre méditation, en l’occurrence nous-mêmes. La volonté d’aimer n’est pas encore l’amour. Nous explorons profondément les choses de tout notre être, parce que nous sommes déterminés à comprendre. Il ne s’agit pas de répéter des mots ou d’imiter les autres, ni de chercher à atteindre un idéal. La pratique de la méditation sur l’amour n’est pas de l’autosuggestion. Il ne s’agit pas de dire : «Je m’aime. J’aime tous les êtres.» En observant minutieusement notre corps, nos sensations, nos perceptions, nos formations mentales et notre conscience, nous verrons, en l’espace de quelques semaines seulement,  que notre aspiration à aimer s’est transformée en intention profonde. Dès lors, l’amour sera présent dans nos pensées, nos paroles et nos actes, et nous constaterons que nous sommes devenus plus «apaisés, heureux et légers de corps et d’esprit, en sécurité, libres de la colère, de l’avidité, de l’aversion, de l’ignorance, de la peur et de l’angoisse».

En pratiquant, nous observons la paix, le bonheur et la chance que nous avons déjà. Nous sommes attentifs à nos craintes d’avoir un accident ou qu’il arrive un malheur, et nous prenons conscience de la colère, de l’irritation, de la peur, de l’inquiétude ou des angoisses qui sont en nous. C’est cette pleine conscience de nos états d’esprit qui nous permet d’approfondir notre connaissance de nous-mêmes. Voyant que nos peurs et notre agitation mentale contribuent à notre mal-être, nous comprendrons toute l’importance de nous aimer et de cultiver un cœur de compassion.

Dans cette méditation sur l’amour, «la colère, l’avidité, l’aversion, l’ignorance, la peur et l’angoisse» sont l’ensemble des états d’esprit négatifs qui sont présents en nous et nous privent de notre paix et de notre bonheur. La colère, la peur, l’angoisse, le désir, l’avidité et l’ignorance sont les principales racines de la souffrance de notre époque. En vivant votre vie en pleine conscience, vous pourrez faire face à ces états d’esprit, et votre amour se traduira en actes.

La méditation sur l’amour que je vous propose est adaptée du Visuddhimagga (Le Chemin de la purification), un ouvrage écrit par Buddhaghosa au v° siècle, dans lequel il présente de manière méthodique les enseignements du Bouddha.

Cette méditation sur l’amour se récite intérieurement en  étant assis, le corps et la respiration apaisés. La position assise est idéale pour effectuer cette pratique. En étant assis et immobile, vous n’êtes pas trop sollicité par l’extérieur, ce qui vous permet de regarder profondément en vous-même, tel que vous êtes, de cultiver l’amour envers vous-même et de déterminer comment exprimer au mieux cet amour dans le monde.

Puissé-je être en paix, heureux et léger de corps et d’esprit.

Puisse-t-elle être en paix, heureuse et légère de corps et d’esprit.

Puisse-t-il être en paix, heureux et léger de corps et d’esprit.

Puissent-elles être en paix, heureuses et légères de corps et d’esprit.

Puissent-ils être en paix, heureux et légers de corps et d’esprit.

Puissé-je être en sécurité et qu’il ne m’arrive aucun mal.

Puisse-t-elle être en sécurité et qu’il ne lui arrive aucun mal.

Puisse-t-il être en sécurité et qu’il ne lui arrive aucun mal.

Puissent-elles être en sécurité et qu’il ne leur arrive aucun mal.

Puissent-ils être en sécurité et qu’il ne leur arrive aucun mal.

Puissé-je être libre de la colère, des soucis, de la peur…

Puisse-t-elle être libre de la colère, des soucis, de la peur…

Puisse-t-il être libre de la colère, des soucis, de la peur..

Puissent-ils être libres de la colère, des soucis, de la peur… 

Puissent-elles être libres de la colère, des soucis, de la peur..

Vous commencez par pratiquer cette méditation sur l’amour pour vous-même («Puissé-je être…»). Tant que vous ne saurez pas vous aimer et prendre soin de vous-même, vous ne serez pas d’une grande aide pour les autres. Vous pratiquez ensuite pour les autres («il »/«elle», «ils »/«elles»), en commençant par quelqu’un de votre entourage, puis en poursuivant avec quelqu’un de neutre, quelqu’un que vous aimez et, enfin, quelqu’un dont la seule pensée vous fait souffrir.

Selon le Bouddha, un être humain est composé de cinq éléments, ou skandha en sanskrit: la forme (le corps), les sensations, les perceptions, les formations mentales et la conscience. Ces éléments sont votre territoire, et vous en êtes, en quelque sorte, le gardien. Pour savoir ce qui se passe réellement en vous, vous devez examiner attentivement ce qui se passe dans votre territoire et tenter d’y déceler les éléments qui sont en guerre les uns avec les autres. Si vous voulez que l’harmonie, la réconciliation et la guérison soient possibles en vous, vous devez d’abord vous comprendre vous-même. C’est pourquoi vous devez commencer par explorer votre territoire avec le regard profond et l’écoute attentive.

Commencez par examiner attentivement votre corps. Demandez-vous : «Comment est mon corps, en ce moment? Comment était-il dans le passé? Comment sera-t-il dans quelques années?» Ensuite, quand vous méditerez sur quelqu’un de proche, quelqu’un de neutre, quelqu’un que vous aimez et quelqu’un que vous détestez, vous commencerez toujours par examiner son aspect physique. En inspirant et en espérant, vous visualisez son visage, sa façon de marcher, de s’asseoir, de parler, son cœur, ses poumons, ses reins et tous les organes de son corps, en prenant le temps d’amener ces détails à votre conscience. Mais vous commencez toujours par vous-même. Dès l’instant où vous voyez clairement vos cinq skandha, la compréhension et l’amour sont là naturellement, et vous savez ce qu’il faut faire et ne pas faire pour mieux prendre soin de vous.

Regardez votre corps pour voir s’il est détendu ou s’il souffre d’une maladie. Regardez comment vont vos poumons, votre cœur, vos intestins, vos reins et votre foie pour savoir ce dont votre corps a réellement besoin. Cela vous incitera, par la suite, à manger, boire et agir en faisant preuve d’amour et de compassion envers votre corps et à observer les mauvaises habitudes qui sont fortement ancrées en vous. Avec le regard profond, voyant que ces habitudes ne sont pas bonnes pour votre corps et pour votre esprit, vous vous appliquez à les transformer afin de rester en bonne santé et de maintenir votre vitalité.

Vous observez, ensuite, vos sensations – qu’elles soient agréables, désagréables ou neutres. Les sensations s’écoulent en nous comme une rivière, chaque sensation étant une goutte d’eau de cette rivière. Regardez la rivière de vos sensations et observez comment elles apparaissent. Observez ce qui vous empêche d’être heureux et faites de votre mieux pour le changer et, surtout, n’oubliez pas de cultiver les éléments merveilleux qui sont présents en vous et dans le monde et qui ont le pouvoir de vous régénérer et de vous apaiser. Vous gagnerez ainsi en stabilité et serez plus à même de vous aimer vous-même et d’aimer les autres.

Puis, vous méditez sur vos perceptions. Le Bouddha a  observé: «Ceux qui souffrent le plus dans ce monde sont ceux  qui ont beaucoup de perceptions erronées… Et la plupart de nos perceptions sont erronées.» Vous voyez un serpent dans le noir et vous paniquez, mais, quand votre ami l’éclaire, vous ne voyez qu’une corde. C’est pourquoi il est si important d’apprendre à discerner les perceptions erronées qui vous font souffrir. Je vous invite à prendre votre plus belle écriture pour inscrire la phrase «En es-tu sûr?» sur une feuille que vous accrocherez au mur. La méditation sur l’amour vous aide à apprendre à regarder les choses avec clarté et sérénité de façon à améliorer la perception que vous en avez.

Vous observez, ensuite, vos formations mentales, les idées et les tendances qui sont en vous et vous poussent à parler et à agir comme vous le faites. Pratiquez le regard profond pour découvrir la véritable nature de vos formations mentales et voir comme vous êtes influencé par votre conscience individuelle, mais aussi par la conscience collective de votre famille, de vos ancêtres et de la société. Les formations mentales négatives sont source de nombreux tourments, tandis que les formations mentales positives apportent amour, bonheur et libération.

Pour terminer, vous observez votre conscience. Dans le bouddhisme, la conscience est semblable à un champ contenant toutes sortes de graines: aussi bien des graines d’amour, de compassion, de joie et d’équanimité que des graines de colère, de peur ou d’inquiétude. La conscience est l’endroit où sont stockées toutes ces graines, toutes ces possibilités qui peuvent se manifester dans votre esprit. Quand votre esprit n’est pas en paix, cette agitation peut être due à des désirs et a des états d’esprit qui sont enfouis dans le tréfonds de  votre conscience. Pour vivre en paix, vous devez savoir quelles sont vos tendances, vos énergies d’habitude, et vous serez plus maitre de vous-même. C’est une pratique de soins préventifs. Examinez attentivement la nature des états d’esprit qui sont en vous afin d’en comprendre l’origine, de repérer ceux qui ont besoin d’être transformés et de nourrir ceux qui vous apportent paix, joie et bien-être. Vous pouvez poursuivre en exprimant vos aspirations, d’abord pour vous-même et ensuite pour autrui

Puissé-je savoir me regarder avec les yeux de la compréhension et de l’amour.

Puisse-t-il savoir se regarder avec les yeux de la compréhension et de l’amour.

Puisse-t-elle savoir se regarder avec les yeux de la compréhension et de l’amour.

Puissent-elles savoir se regarder avec les yeux de la compréhension et de l’amour.

Puissent-ils savoir se regarder avec les yeux de la compréhension et de l’amour.

Puissé-je savoir reconnaître et toucher en moi les graines de la joie et du bonheur.

Puisse-t-elle savoir reconnaître et toucher en elle les graines de la joie et du bonheur.

Puisse-t-il savoir reconnaitre et toucher en lui les graines de la joie et du bonheur.

Puissent-elles savoir reconnaître et toucher en elles les graines de la joie et du bonheur.

Puissent-ils savoir reconnaître et toucher en eux les graines  de la joie et du bonheur.

Puissé-je savoir discerner en moi les racines de la colère, de l’attachement et de l’ignorance.

Puisse-t-elle savoir discerner en elle les racines de la colère,

de l’attachement et de l’ignorance.

Puisse-t-il savoir discerner en lui les racines de la colère,

de l’attachement et de l’ignorance.

Puissent-elles savoir discerner en elles les racines

de la colère, de l’attachement et de l’ignorance.

Puissent-ils savoir discerner en eux les racines de la colère,

de l’attachement et de l’ignorance.

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